Clément Giraud, Cap-hornier

Tous les Cap-horniers n'ont pas eu le bonheur de voir le célèbre caillou. Dimanche, peu avant 13h (11h54 utc), Clément l'a vu surgir de la brume comme le sésame lui permettant d'entrer de nouveau dans l'Océan Atlantique. Pour autant, le skipper de Compagnie du lit / Jiliti n'a pas eu envie de se laisser aller trop longtemps à la contemplation.

Il aura donc fallu un peu moins de 70 jours à Clément Giraud pour engloutir l'Atlantique, l'Indien et le Pacifique et franchir les trois caps qui balisent chacun de ces océans mythiques et qui sont les seules marques de parcours du Vendée Globe : Bonne Espérance, Leeuwin et le Horn.

« Depuis deux jours, mes routages me faisaient passer tout près du Horn. Il y avait beaucoup de brume, puis elle s'est levée et je l'ai vu. Je l'ai bien vu ! Entouré de beaucoup d'autres cailloux. Si c'est cela que l'on appelle la Terre de Feu, alors je veux bien y croire... C'est chouette mais c'est vraiment flippant. Il y avait des grains, du courant. Je n'avais pas très envie de rester ici. »

Le nouveau monde

Passée l'émotion au moment où le rocher a surgi sur l'horizon, Clément a pu mesurer son privilège, et rejoindre ainsi la famille des Cap-horniers dont les pionniers ont à peine quatre siècles. D'ailleurs, il a fallu quelques heures seulement pour que la très sélecte Société Internationale des Cap-Horniers, patronnée par le Duc d'Edimbourg, félicite le bizuth toulonnais, admirateur de ses prédécesseurs. « Ici, ça sent l'Histoire. Je pense à tous les bateaux qui sont au fond, à ceux qui ont découvert le « nouveau monde », à ceux qui ont emprunté cette route commerciale. Ces routes, il a bien fallu les trouver ! C'est impressionnant. »

Le poids de 70 jours de mer

La course est encore longue et malgré une trajectoire qui devrait progressivement s'orienter vers le nord, Clément n'a pas l'impression de faire « route maison » :

« J'ai encore un mois de mer. Mon chemin n'est pas terminé. J'ai hâte de prendre une douche, de retrouver un peu de chaleur, de me déshabiller ! C'est la première fois depuis le départ que je sens physiquement, le poids de 70 jours de mer. Il faut que j'aille dormir un peu, mettre mon corps au repos. Je vais continuer de faire route à l'est pour contourner deux zones de haute pression puis cap au nord ! »

Passage du Cap Horn

Dimanche 17 janvier à 12 h 54 (HF), après 69 jours, 22 heures, 34 minutes de navigation depuis le départ des Sables d'Olonne le 8 novembre.